La toilette

1896

 

XIXème siècle.
Carton 67 x 54 cm.

 

Toulouse-Lautrec (Henri de) - La Toilette (1896)
Analyse
Ce tableau, exécuté dans l’atelier du peintre ou peut-être dans une de ces maisons closes qui apparaissent si souvent dans son oeuvre, possède le caractère instantané d’une photographie et l’élégance d’une estampe japonaise.

Le dessin est libre et acerbe. D’un trait, d’un accent, il fait vrai et réel, il souligne avec exactitude et de façon spirituelle ce que voit Toulouse-Lautrec et ce qu’il ressent. Toujours à la recherche du mouvement, il excelle à peindre des nus non guindés dans une pose d’atelier.

Le fouillis des essuie-mains blancs sur lesquels est assise la modèle confère à l’espace, avec son dessin circulaire, une certaine mobilité. Le mobilier en osier, qui plaisait tant à Lautrec, complète le décor. Il s’agit sans aucun doute, surtout pour ce qui regarde la composition, d’une des oeuvres les plus novatrices et les plus originales du peintre, qui peignit à cette période de nombreux portraits de jeunes filles vues de dos. La poésie du tableau et la délicatesse du sujet font penser aux oeuvres de Degas.

L’oeuvre
Réalisée en 1896, La Toilette fait partie de la longue série de portraits de modistes, d’ouvrières et de prostituées que le peintre préfèrera toujours comme modèles. La femme représentée de dos, et caractérisée par ses cheveux roux en chignon, peut sans doute être identifiée : Carmen Gaudin, une ouvrière dont Toulouse-Lautrec admirait la chevelure et qui lui servit plusieurs fois de modèle.
Le monde féminin de Toulouse-Lautrec
La peinture et la vie privée de Toulouse-Lautrec furent peuplées d’une vraie cohorte de femmes. Certaines étaient seulement des modèles anonymes ou des prostituées de Montmartre (le peintre n’hésitait pas à travailler dans les maisons closes), d’autres peuvent, en revanche , être parfaitement identifiées. Ces femmes connurent peut-être une éphémère notoriété comme actrices ou danseuses ; grâce à Toulouse-Lautrec, elles se sont faites une place dans l’histoire de l’art. Elles eurent en commun de connaître des destins malheureux, finissant souvent leurs jours dans la solitude, la misère, parfois même la folie. Parmi les plus souvent figurées, outre Carmen Gaudin, sans doute le modèle de la Toilette, on trouve Yvette Guilbert, célèbre chanteuse de cabaret qui portait toujours de long gants noirs ; Louise Weber, danseuse au Moulin Rouge, fleuriste et dompteuse de cirque ; Jane Avril, elle aussi actrice et danseuse, qui, avec sa classe et son masque tragique, est présente dans de nombreux tableaux du peintre.