Produits auxiliaires

Fixatifs

Les fixatifs sont destinés à empêcher les travaux dessinés de faire des dépôts, de perdre de la substance. Pour autant, on ne peut pas les comparer à des vernis car ils n’ont en aucun cas un rôle protecteur, n’étant pas assez solides, assez massifs. Au-delà de ces considérations, certains maitres s’en sont servis abondamment pour travailler en couches multiples avec des matériaux pulvérulents comme le pastel sec ou le fusain. C’est l’aspect le plus remarquable du fixatif que d’autoriser une méthode de travail très proche de celle que l’on connaît en peinture. Mais leur action sur le pigment est mise en cause par de nombreux artistes (lire ci-dessous La problématique de la grisaille).

Il faut cependant préciser qu’il n’y a pas discontinuité absolue entre le concept de fixatif et celui de vernis. Mais même quand il s’agit pour ainsi dire de vernir un dessin au fusain ou au pastel, il est préférable de commencer par une fixation.

Lire un témoignage concernant l’emploi de résines naturelles pour la protection renforcée d’un dessin au fusain.

1 . Composition courante, conditionnement, destination

Dans le commerce, différents fixatifs d’entrée de gamme contiennent de l’acétate de polyvinyle (proche du Caparol) pouvant quelquefois tendre à jaunir légèrement avec le temps. D’autres produits synthétiques sont utilisés, mais il est rare que les fabricants, y compris dans le haut de gamme, spécifient les compositions précises.

Dans tous les cas, les fixatifs contiennent :

* un “véhicule” – ici, ce terme n’est pas un anglicisme -, sorte de diluant dont la fonction est de transporter la résine jusqu’à l’oeuvre et de l’aider à y pénétrer

* une résine, le plus souvent synthétique.

Deux conditionnements sont généralement disponibles :

* la bombe aérosol

* le flacon. Dans ce cas précis, l’emploi d’une soufflette (photo) est indispensable. Le produit est dilué dans l’éthanol (en majeure partie généralement) de sorte à pouvoir être pulvérisé à l’aide de cet outil.

La destination des fixatifs peut être :

* un travail sec : pastels secs, fusains, graphites divers (crayon noir, mine de plomb, etc.).

* un travail gras (pastels à l’huile, à la cire). Il faut alors un fixatif destiné spécifiquement à cet emploi. Ce type de produits s’apparente à un vernis. Dans cet article, nous traiterons donc principalement des fixatifs pour travaux secs.

2 . Les recettes anciennes, les procédés naturels

Avant l’apparition des acétates de vinyle et des résines acrylo – cétoniques, la gomme laque (type Coromandel décirée et décolorée – photo) était réputée la meilleure résine pour fixatifs. Pourtant, sa thermosensibilité n’en fait peut-être pas un produit à conseiller sans réserves pour cet usage : la gomme dammar, très incolore, et le mastic de Chios, sont assez solubles dans l’alcool pour être utilisés également.

Un témoignage sur la fixation au dammar et à la gomme arabique est disponible ici.

Un fixatif pour fusains et pastels peut être réalisé de la même manière qu’un médium pour l’huile de type dammar à une différence près : l’essence doit être remplacée par de l’éthanol, voire éventuellement un mélange éthanol + méthanol (type alcool à brûler) un peu plus agressif afin de faciliter la pénétration de la résine. Cependant, il faut noter que la présence d’hydrocarbures aromatiques, même en petite quantité, risque de dénaturer le pigment et n’est pas sans toxicité.

3 . Les sprays du commerce, la laque à cheveux et le verso

Les fixatifs du commerce contiennent parfois des produits encore plus agressifs. Nous pouvons par exemple mentionner la présence de 10% de xylène – une quantité considérable – dans un fixatif en aérosol de très bonne qualité, assez répandu. Ce n’est pas un scoop : c’est écrit sur l’étiquette. Beaucoup de fabricants nous semblent de bonne foi, mais certains semblent abuser de leur réputation pour “oublier” de mentionner certains “détails” de ce type. Par ailleurs, les artistes sont-ils suffisamment informés ? Si vous ignorez la composition de votre fixatif ou si vous savez qu’il contient un élément de type benzénique, nous vous conseillons de ne l’utiliser que dans un lieu réellement bien aéré en prenant garde au sens du vent, de vous laver les mains au savon après utilisation… ou de changer de produit !

Les solutions de type éthanol + acétate de polyvinyle, très répandues dans le commerce mais se situant dans “l’entrée de gamme” ont :

* un avantage : ils sont peu nocifs

* un inconvénient : ils sont trop liquides et trop peu chargés en résine. C’est l’effet “flotte” garanti. Les papiers s’imbibent et se déforment. Il faut donc procéder en plusieurs pulvérisations, à bonne distance. Apparemment peu coûteux, ils finissent ainsi par revenir aussi cher que des produits à priori moins bon marché, après avoir éventuellement déformé le support.

Les laques à cheveux, vieux “truc” bien connu permettant soi-disant au dessinateur de faire des économies, reviennent sensiblement aussi cher. Elles n’offrent aucune garantie de qualité : on ne connaît pas leur composition. Pire : ces aérosols “soufflent fort”. Leur jet est plus concentré que celui des bombes de fixatif, ce qui oblige leurs utilisateurs à prendre de la distance et travailler en plusieurs pulvérisations. Ils ne valent donc rien pour le fusain ou les pastels de qualité qui sont très pulvérulents. Ils peuvent tout juste convenir à des esquisses jetables réalisées au graphite mais encore une fois, leur prix est décourageant même pour ce type d’emplois.

Le procédé consistant à fixer le verso du papier est, comme le rappelle Xavier de Langlais, une vieille galéjade. Ce grand auteur évoque d’autres recettes aussi douteuses qu’extrêmement dangereuses (p. 89). En effet, le réchauffement de substances comme l’essence et l’alcool est aussi inutile que potentiellement meurtrier.

4 . Pastels secs et fusain : la problématique de la grisaille

Comme nous le disions, le fixatif peut être employé pour réaliser des travaux aux pastels en couches multiples. Il en va de même pour le fusain. Mais ce n’est pas toujours par choix artistique : cela répond aussi à une contrainte.

Prenons un exemple de travail classique avec du fusain et des rehauts à la craie blanche.

Quiconque a eu l’occasion d’utiliser un fixatif – même de bonne qualité – pour un dessin au fusain a remarqué que cette intervention fait notablement grisailler les valeurs sombres, sans parler des rehauts blancs qui ont tendance à s’estomper radicalement. Naturellement, le dessinateur peut fort bien recourir à des retouches, revenir sur les zones les plus sombres et les plus claires. Il peut aussi utiliser un fusain compressé pour créer des noirs vraiment plus noirs.

Peu à peu, de dessin en dessin, il va même apprendre à anticiper les effets édulcorants de la fixation, par exemple en fixant localement les zones sombres (utiliser un cache – un bout de papier suffit) afin d’y multiplier les couches, en posant les rehauts blancs plus tôt au cours du travail ou encore en changeant de papier ou de fixatif. De cette manière, la contrainte influe sur la méthode de travail. Celle-ci aura une répercussion parfois positive sur la qualité de la fixation et la longévité de l’oeuvre.

Avec les pastels secs, la fixation vire souvent au désastre. Certains pastellistes refusent de fixer leurs oeuvres et réalisent un encadrement spécifique maintenant la poudre de pastel par pression à l’aide d’une vitre ! Ils souhaitent, ce qui est tout à fait légitime, profiter de la concentration pigmentaire extraordinaire du pastel sec.

Les autres sont obligés, comme dans l’exemple ci-dessus, d’adapter leur méthode de travail aux contraintes de la fixation. Le pastel peut mener le dessinateur à d’autres solutions que celles qu’il peut apporter au problème du fusain qui grisaille sous l’effet du fixatif. Le travail en couches multiples peut notamment se rapprocher de procédés employés en peinture. A l’opposé, la couche unique peut rapprocher son travail du croquis, de l’ébauche, de la pochade, du gestuel. Mais il est certain que la fixation ternira l’oeuvre.

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