L’Île des Morts

1880

 

XIXème siècle.
Huile sur toile 11 x 155 cm.

 

L`Île des Morts - Böcklin Arnold - 1880

Analyse

Dans un paysage irréel et spectral, une barque avance lentement vers une île mystérieuse. Aucun signe de vie n’anime ce lieu où s’élève un groupe de cyprès qui créent une atmosphère sépulcrale. Les ouvertures qui apparaissent dans les rochers, à droite et à gauche de la composition, évoquent elles aussi des tombeaux. Possible allusion mythologique, la figure drapée de blanc qui s’avance lentement évoque, quant à elle, la traversée du Léthé sur la barque de Charon. Raide et immobile sur la barque fragile, elle paraît scruter le mystère que ce lieu exhale, derrière sa beauté altière et sculpturale.

Le tableau célèbre la séduction froide et silencieuse de la mort, ainsi que la fascination romantique qu’elle exerce sur les peintres symbolistes. La vie, telle que la comprends Böcklin, est un drame que l’art seul transcende et justifie.

L’oeuvre
Il s’agit de la première des cinq versions réalisées par l’artiste, appelées plus tard — par le marchand de tableaux Frantz Gürlitt — L’Île des morts. Böcklin, à qui cette oeuvre a été commandée par Mme Marie Berna de Francfort, l’appelait quant à lui, Tableau de rêve. Quand il envoya l’oeuvre à sa commanditaire, elle était accompagnée de ces mots : “Vous pourrez vous approcher en rêvant du monde obscur des ombres, au point qu’il vous semblera percevoir le souffle léger qui fronce la surface de la mer, et que vous aurez peur de troubler le silence solennel par une paroles prononcée à voix haute.”

Le tableau est entré au Kunstmuseum en 1920. Il existe encore une autre version de L’île des morts, conservée à Leipzig.